Ellen Vandyck
Responsable de la recherche
Les Blessures du système musculo-squelettique entraînent des perturbations du système sensorimoteur. Le système sensorimoteur intègre les informations afférentes provenant de la périphérie, qui sont ensuite traitées dans le cortex sensorimoteur, puis une action efférente (motrice) est exécutée. Les personnes souffrant de blessures au ligament croisé antérieur (LCA) sont principalement affectées dans le domaine de la stabilité du genou, car le LCA déchiré est un frein crucial contre la translation antérieure excessive du tibia, la rotation interne et le valgus du genou. L'importance de la fonction sensorielle du LCA apparaît plus clairement. Les informations afférentes sont envoyées du LCA au cortex sensorimoteur, où elles sont intégrées à d'autres stimuli provenant des systèmes sensoriels, tels que les systèmes visuel et vestibulaire. Cette intégration permet la planification et l'exécution d'une action motrice. L'une des principales frustrations dans la recherche et la rééducation du LCA est le risque élevé de Blessure. De plus en plus d'efforts sont déployés pour trouver le comment et le pourquoi de ce risque élevé. Cette revue de recherche présente un commentaire clinique rédigé par Vitharana et al. (2025), visant à accroître les connaissances sur les dysfonctionnements sensorimoteurs consécutifs à une blessure au LCA.
Ce document est rédigé sous la forme d'un commentaire clinique qui comprend une approche systématique systématique de l'examen de la littérature afin d'éclairer la pratique clinique. Il ne s'agit cependant pas d'une revue systématique formelle avec une méta-analyse d'études primaires, qui adhère à des critères statistiques et méthodologiques plus rigoureux.
Les auteurs visent à répondre à deux questions clés :
Ils ont cherché à examiner les changements qui se produisent dans les voies afférentes (entrée sensorielle), efférentes (sortie motrice) et centrales après une blessure au LCA. L'un des principaux objectifs de leur examen était d'identifier des méthodes d'évaluation qui soient pratiquement accessibles aux cliniciens, tout en reconnaissant les limites de l'équipement spécialisé dans les environnements cliniques typiques.
Leur examen s'est penché spécifiquement sur :
En examinant les études relatives à ces domaines, les auteurs ont cherché à synthétiser les connaissances actuelles sur le dysfonctionnement sensorimoteur et à identifier des moyens pratiques, fondés sur des preuves, permettant aux cliniciens d'évaluer ces déficits.
L'article confirme qu'à la suite d'une blessure au LCA, le dysfonctionnement est généralisé à l'ensemble du système sensorimoteur, affectant les voies afférentes (systèmes somatosensoriel et visuel), les voies efférentes et le traitement central.
Spécifiquement : Spécifiquement : Spécifiquement : Spécifiquement : Spécifiquement : Spécifiquement : Spécifiquement : Spécifiquement :
L'analyse de la littérature a permis aux auteurs de conclure que l'évaluation de la proprioception, de la douleur, du Gonflement, de la dépendance visuo-motrice, de la capacité de traitement visuo-motrice, de la Force Musculaire et de l'Activation Volontaire sont des moyens pratiques clés pour objectiver l'étendue de la dysfonction sensorimotrice suite à une Blessure du LCA.
Le commentaire clinique décrit ensuite les détails de la réalisation de ces évaluations :
Pour l'évaluation l'évaluation somatosensoriellePour l'évaluation somatosensorielle, le document met l'accent sur la proprioception, la douleur et l'épanchement.
La proprioception englobe le sens de la position de l'articulation, la kinesthésie, le sens de la vitesse du mouvement et le sens de la force. Étant donné que ces trois derniers éléments nécessitent un équipement spécialisé, le commentaire clinique recommande l'utilisation du Test Positif de l'Articulation dans la pratique clinique.
Douleur
Les auteurs recommandent d'utiliser l'échelle numérique d'évaluation de la douleur (EN) ou l'échelle visuelle analogique (EVA). Des changements de 1,4 cm à 2 cm sont suggérés pour les douleurs musculo-squelettiques et chroniques. Il est recommandé d'évaluer la douleur à chaque séance jusqu'à ce qu'elle soit résolue.
Effusion
Le Sweep test et le Ballottement test doivent être réalisés pour évaluer la quantité d'épanchement autour de l'articulation du genou. Les auteurs soulignent que l'épanchement doit être évalué, comme la douleur, à chaque séance jusqu'à ce qu'il soit résolu.
Pour l l'évaluation du système visuelPour l'évaluation du système visuel, l'accent est mis sur la dépendance visuo-motrice et la capacité de traitement :
Reliance visuo-motrice (via des tests d'équilibre)
L'article adapte un test de descente de 20 cm avec les yeux ouverts et les yeux fermés. Avec l'athlète pieds nus et debout sur une marche de 20 cm, les mains sur les hanches, l'athlète monte sur une plaque de force avec une jambe, en visant une stabilité rapide et en maintenant la posture de réception pendant 20 secondes. Trois essais sont effectués pour chaque jambe, les yeux ouverts puis répétés avec un bandeau ou les yeux fermés.
Capacité de traitement visuo-moteur
Les auteurs recommandent l'utilisation de tests neurocognitifs informatisés (par exemple, ImPACT, Cogstate) ou de "stations sensorielles" (par exemple, Senaptec). Ils évaluent des domaines tels que la vitesse de traitement visuel, le temps de réaction, la mémoire visuelle, l'acuité visuelle, la perception de la profondeur, le mouvement des yeux de près et de loin, la sensibilité aux contrastes et le suivi d'objets multiples.
Pour évaluer le système efférent, il est recommandé de mesurer la force musculaire et l'activation volontaire des quadriceps. D'autres domaines, tels que l'activité corticale motrice, les voies motrices descendantes et les réflexes spinaux, font également partie de la voie motrice efférente, mais nécessitent un équipement spécialisé souvent indisponible pour le clinicien.
Force Musculaire
Il est recommandé d'utiliser des tests de répétition maximale (1, 3 ou 5 RM), la dynamométrie manuelle ou la dynamométrie isocinétique.
Activation volontaire des Quadriceps
L'utilisation d'appareils de biofeedback pour l'électromyographie de surface (EMG) est recommandée
Pour évaluer l'activation volontaire du quadriceps, deux électrodes sont placées sur le vaste médial et deux sur le vaste latéral. L'athlète est assis, le genou tendu vers la position neutre et effectue une contraction maximale du quadriceps, répétée jusqu'à ce qu'un EMG cohérent soit enregistré. Ensuite, allongés sur le dos, la jambe tendue, ils effectuent une contraction maximale du quadriceps avec une élévation de la jambe droite, également répétée jusqu'à ce qu'un EMG cohérent soit enregistré. Une réduction de l'enregistrement EMG de 20 à 30 % ou plus dans le membre du ligament croisé antérieur par rapport au membre non lésé est interprétée comme indiquant une réduction de l'activation volontaire. Cette évaluation doit être effectuée toutes les deux semaines jusqu'à ce qu'aucune différence significative ne soit observée.
Bien que les auteurs mettent l'accent sur les outils pratiques, ils reconnaissent les limites de ces outils par rapport à l'équipement de référence (comme les dynamomètres isocinétiques pour la force ou l'IRM pour l'activité corticale). Quelle sensibilité perdons-nous avec les tests plus pratiques ? Et à quel moment l'examen pratique devient-il trop insensible pour détecter de manière fiable un dysfonctionnement significatif ? Par exemple, une évaluation subjective du contrôle postural est-elle vraiment suffisante si l'on ne dispose pas de plaques de force, ou passe-t-elle à côté de déficits subtils mais importants ? Les enregistrements vidéo au ralenti peuvent aider l'examinateur à noter des différences plus subtiles, mais peuvent aussi donner lieu à des erreurs d'interprétation.
L'article note que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour les tests de traitement et de fiabilité visuo-motrice afin d'identifier des valeurs normatives et de déterminer s'ils sont liés à la reprise du sport. Il s'agit là d'une lacune cruciale. En l'absence de données normatives claires pour une population souffrant d'une lésion du LCA et d'un lien démontré avec une nouvelle blessure, quelle confiance pouvons-nous avoir dans l'utilisation de ces évaluations pour guider les décisions relatives au retour au sport ? Il semble que nous en soyons encore aux premiers stades pour certaines de ces évaluations visuelles.
L'article se concentre sur la Blessure LCA et son impact sur le système sensorimoteur, principalement autour du genou. Cependant, le dysfonctionnement sensorimoteur se manifeste souvent de manière plus globale et peut affecter plus que l'articulation du Genou. Bien que l'article mette en évidence les changements dans le traitement central, il n'aborde pas la question de l'impact de ces changements sur d'autres articulations ou sur les mouvements globaux.
Bien que les chercheurs aient déployé des efforts considérables pour rédiger une déclaration cliniquement applicable, vous devez savoir que ces informations ne proviennent pas d'une revue systématique. Il s'agit plutôt d'une publication d'opinion d'expert, qui est toutefois très instructive pour le lecteur car elle est rédigée de manière à pouvoir être facilement mise en œuvre dans la pratique clinique. En tant que commentaire clinique, le document lui-même est d'un niveau de preuves moins élevé. Sa force réside dans la synthèse des recherches existantes et dans les applications cliniques qu'il propose.
Fiabilité des évaluations
L'article cite des ICC de 0,96-0,98 pour la fiabilité inter- et intra-évaluateur du test de perception de la position de l'articulation enregistré par l'image. Il s'agit d'excellentes valeurs de fiabilité, indiquant une grande cohérence. Le plus petit changement détectable (SDC) de 1,10° pour la flexion du genou et de 1,35° pour l'extension du genou est également fourni, ce qui est crucial pour interpréter le changement réel par rapport à l'erreur de mesure. L'interprétation d'une différence >5,3° entre les membres comme "mauvaise capacité proprioceptive" est basée sur une étude spécifique de 10 athlètes d'élite. Bien qu'il s'agisse d'un point de référence, la généralisation à une population plus large d'athlètes souffrant de RLCA pourrait être limitée en raison de la petite taille de l'échantillon et de l'accent mis sur les athlètes d'élite dans l'étude originale.
L'article fait état d'un "bon accord interobservateurs" pour le test de balayage et Ballottement pour les tests de balayage et de ballottement. Bien que ce résultat soit positif, il manque des mesures statistiques spécifiques (par exemple, des coefficients Kappa, des ICC spécifiques) qui permettraient de quantifier l'accord de manière plus précise. Il s'agit d'une limite courante pour les tests d'examen clinique.
Les auteurs font état d'une "bonne fiabilité (ICC=0,71-0,96)" pour leur tâche de descente adaptée. Il s'agit d'un large éventail, et des ICC spécifiques pour l'indice de RV seraient plus instructifs. L'interprétation selon laquelle "les athlètes en bonne santé ont amélioré leur temps de stabilité de 17 % les yeux fermés" et l'implication subséquente de la confiance visuelle si le TTS d'un athlète d'un athlète avec les yeux fermés, établit une référence claire. Toutefois, les données concernant les athlètes en bonne santé ne sont pas publiées, ce qui constitue une faiblesse méthodologique, car elles n'ont pas fait l'objet d'un examen par les pairs.
Capacité de traitement visuo-moteur (tests neurocognitifs, stations sensorielles) : La fiabilité est qualifiée de "bonne" pour les athlètes non blessés, mais une mise en garde critique est formulée : "aucune étude n'a examiné leur fiabilité dans la population des ACLR". Il s'agit d'une limite importante pour l'utilisation de ces tests dans le cadre de la rééducation de la RCA, car la fiabilité peut varier dans les populations blessées. L'absence de valeurs normatives et de liens établis avec le risque de lésion est également soulignée comme un domaine nécessitant davantage de recherche.
Dynamométrie isocinétique : Décrit comme "l'étalon-or" avec "une grande fiabilité (ICC=0,74-0,93)" [1, p. 9]. Cette fourchette est généralement considérée comme bonne. Les valeurs cibles (quadriceps 240-270% de la masse corporelle, ischio-jambiers 150-160% de la masse corporelle) sont fournies.
Dynamométrie manuelle : Déclarée "fiable et valide pour mesurer la force isométrique des quadriceps en utilisant des sangles non élastiques". Cela donne confiance dans son utilisation en tant qu'alternative pratique.
Activation volontaire (EMG de surface) : Le document suggère une "différence supérieure ou égale à 20 % à 30 %" comme cliniquement pertinente sur la base de ses références. Il s'agit d'un seuil pratique pour l'interprétation des résultats de l'EMG.
Risque de partialité
En tant que commentaire clinique, une évaluation formelle du risque de biais ne s'applique pas à l'article lui-même. Cependant, la sélection des méthodes d'évaluation par les auteurs est dictée par leur pratique clinique, ce qui introduit un risque de biais de sélection. Bien qu'ils visent des méthodes fondées sur des Preuves, la profondeur des preuves pour chaque test suggéré varie, comme indiqué ci-dessus.
La force de ce commentaire clinique réside dans l'accent mis sur l'application clinique pratique. Les auteurs ont fait un travail louable de synthèse de la recherche pour fournir des stratégies d'évaluation exploitables. Cependant, il est important que le lecteur reconnaisse que cette orientation pratique se fait parfois au détriment de l'analyse statistique rigoureuse et de l'adhésion à des hiérarchies strictes fondées sur les preuves que l'on trouve dans les revues systématiques ou les études primaires à grande échelle. Le commentaire constitue un pont précieux entre la recherche et la pratique, mais il souligne également le besoin permanent de recherches de haute qualité, en particulier sur la fiabilité et la validité des tests pratiques dans la population ACLR et leur lien direct avec des résultats significatifs tels que le risque de blessure à nouveau.
On sait depuis longtemps que les blessures au LCA ont un impact sur la stabilité du genou, mais il est de plus en plus évident qu'elles ont un effet plus large sur le système sensorimoteur, qui influence la planification et l'exécution des mouvements.
Le dysfonctionnement sensorimoteur consécutif à une blessure au LCA présente de multiples facettes. Elle n'affecte pas seulement l'articulation du genou, mais l'ensemble des systèmes afférents (somatosensoriel, visuel) et efférents, y compris le traitement central. Nous ne devons pas nous limiter à la force et à la stabilité. Ce document présente les évaluations recommandées pour la pratique clinique. Bien qu'il existe des équipements spécialisés, les cliniciens peuvent toujours évaluer les principaux aspects de la dysfonction sensorimotrice à l'aide d'outils facilement accessibles tels que le test Articulation Positive, les échelles de douleur/effusion, les tests d'abaissement adaptés pour la dépendance visuelle, et la dynamométrie manuelle ou les tests de répétition maximale pour la force.
Cet article pose les bases pour comprendre ce qu'il faut évaluer et comment le faire. Restez à l'écoute de la deuxième partie pour apprendre comment rééduquer ces dysfonctionnements !
Que vous travailliez avec des athlètes de haut niveau ou amateurs, vous ne voulez pas passer à côté de ces facteurs de risque qui pourraient les exposer à un risque accru de blessure. Ce webinaire vous permettra de repérer ces facteurs de risque pour les travailler pendant la rééducation !