Introduction

Les vertiges cervicogéniques (CD) sont une affection complexe caractérisée par un déséquilibre déclenché par les mouvements du cou, souvent accompagné de douleurs, de raideurs et d'une restriction de la mobilité cervicale. De nouvelles preuves suggèrent qu'elle découle d'un dysfonctionnement sensori-proprioceptif dans la Rachis Cervical, avec des facteurs contributifs tels que des anomalies du tonus musculaire et un dysfonctionnement des récepteurs articulaires. Les symptômes - généralement des vertiges non rotatoires, des douleurs au cou et des maux de tête - peuvent durer de quelques minutes à quelques heures et s'aggraver en cas de stress ou de fatigue.

Bien que les interventions de kinésithérapie (par exemple, thérapie manuelle, exercices, aiguilles sèches) soient prometteuses pour réduire les symptômes, les preuves de haute qualité restent limitées. Cette revue systématique évalue l'efficacité de la thérapie manuelle pour les vertiges cervicogéniques, en clarifiant son rôle dans l'amélioration de l'intensité des vertiges et de la ROM cervicale, afin de guider la prise de décision clinique.

Méthodes

Deux chercheurs indépendants ont effectué une recherche systématique dans les bases de données médicales, notamment PubMed et Medline. Les chercheurs ont inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) avec au moins 20 participants qui ont obtenu un score ≥7 sur l'échelle PEDro, en se concentrant sur les adultes âgés de plus de 18 ans diagnostiqués avec des vertiges cervicogéniques. Les études contrôlées devaient évaluer les interventions de thérapie manuelle pour les vertiges cervicogéniques (telles que la mobilisation ou la manipulation) par rapport à des groupes de contrôle recevant un placebo, aucune intervention ou des traitements alternatifs et faire état des résultats, notamment l'intensité, l'amplitude des mouvements cervicaux, la douleur, l'incapacité ou la fréquence des vertiges. Les chercheurs ont exclu les études portant sur les thérapies non manuelles, les vertiges d'origine non cervicale ou celles qui n'évaluaient pas nos principaux résultats, à savoir l'intensité des vertiges et la mobilité cervicale. Les données concernant la population étudiée, la taille de l'échantillon et les caractéristiques des patients ont été systématiquement extraites. Les chercheurs ont utilisé l'échelle PEDro pour évaluer la qualité méthodologique des études, un score plus élevé sur 10 étant corrélé à une meilleure qualité en termes de validité interne, de validité externe et de rapports statistiques. Le risque de biais a été évalué à l'aide de l'outil Cochrane RoB 2.0, qui évalue le biais de sélection, le biais de performance, le biais de détection, le biais d'attrition et le biais de déclaration.

Résultats

8 publications ont été incluses après le processus d'extraction des études. Le nombre total de participants à toutes les études était de 312, dont 140 femmes et 138 hommes. L'âge moyen des participants était de 53,27 ans. Les études qui ne contenaient pas d'informations spécifiques sur l'âge ou le sexe ont été exclues de ce calcul. Parmi les huit études incluses, quatre comparaient la thérapie manuelle pour les vertiges cervicogéniques à un traitement placebo. Deux études ont évalué un protocole de traction combiné à une technique de thérapie manuelle à grande vitesse. Une étude a examiné l'efficacité des glissements apophysaires naturels soutenus de Mulligan (SNAG), tandis qu'une autre a comparé une approche multimodale avec et sans l'ajout d'une manœuvre de traction-extension.

Selon l'échelle PEDro, toutes les études incluses ont été jugées "bonnes" ou plus. Dans aucune des études, les thérapeutes n'étaient en aveugle. Cependant, dans toutes les études sauf une, les examinateurs étaient en aveugle. Le tableau 4 fournit des informations plus détaillées sur la qualité méthodologique des études incluses. En ce qui concerne le risque de biais, le tableau 5 met en évidence les principales préoccupations, qui découlent des écarts par rapport aux interventions prévues, ce qui se traduit par un risque de biais globalement élevé.

Les indicateurs de résultats utilisés dans les quatre domaines - amplitude des mouvements cervicaux, intensité des vertiges, intensité de la douleur et incapacité perçue - comprenaient l'échelle visuelle analogique (EVA) pour l'évaluation de la douleur et de l'incapacité, et le Dizziness Handicap Inventory pour l'évaluation de l'incapacité perçue. Cependant, les quatre domaines n'ont pas été évalués dans toutes les études de cette revue.

Intensité des vertiges

Cette mesure de résultat a été rapportée dans six des études incluses. Une étude a fait état de différences statistiquement significatives entre le groupe d'intervention et le groupe de contrôle 48 heures et un mois après le traitement par Thérapie Manuelle. De même, trois études menées par les mêmes auteurs ont observé des résultats positifs en comparant les données antérieures à l'intervention aux résultats obtenus 6 et 12 semaines après le traitement par SNAGs. La même équipe de recherche a examiné la mobilisation Mobilité comme une approche alternative, et a constaté des améliorations cliniquement significatives qui se sont maintenues pendant les 12 semaines de suivi. Un autre groupe de recherche a fait état de résultats comparables 10 semaines après le traitement et un an après.

ROM CERVICALE

Cette variable a été évaluée dans les huit, avec des résultats statistiquement significatifs favorisant les interventions de Thérapie Manuelle par rapport aux groupes contrôlés. Dans l'une des études, deux groupes d'intervention différents ont été comparés - les SNAG de Mobilité et les mobilisations de MOBILITÉ - et des bénéfices plus importants ont été observés dans le groupe SNAG.

Intensité de la douleur

Une étude a fait état de scores d'intensité de la douleur faibles 48 heures après le traitement dans le groupe d'intervention, aucun effet significatif n'ayant été observé dans le groupe de contrôle. Des résultats similaires ont été décrits par un autre groupe de chercheurs dans leur étude.

Degré de handicap perçu

Dans toutes les études qui ont mesuré ce résultat, les scores du Dizziness Handicap Inventory (DHI) étaient significativement plus bas dans le groupe d'intervention après la thérapie manuelle. Une seule étude a fait état de scores similaires entre le groupe d'intervention et le groupe de contrôle lors du suivi à 10 semaines.

Questions et réflexions

Cette étude systématique, bien que précieuse, présente des limites inhérentes qui tempèrent la force de ses conclusions. Les études incluses présentaient une hétérogénéité significative dans de nombreux domaines, ce qui rend difficile l'établissement de conclusions cliniques définitives. En particulier, les populations étudiées variaient considérablement en âge (avec des moyennes d'âge allant de 43 à 62 ans) tout en fournissant peu de caractéristiques démographiques ou cliniques supplémentaires. Cette diversité de la population a probablement introduit une hétérogénéité clinique substantielle que les analyses actuelles ne peuvent pas entièrement prendre en compte.

Les interventions elles-mêmes présentaient un autre niveau de complexité, les études employant des approches de thérapie manuelle très différentes, notamment des techniques de traction/distraction, des mobilisations de Maitland et des SNAG. Cette variabilité technique reflète des objectifs de traitement différents, ce qui accroît encore l'hétérogénéité de l'étude. Une telle diversité d'approches thérapeutiques rend difficile l'identification des techniques spécifiques les plus efficaces ou la généralisation des résultats à l'ensemble des contextes de pratique clinique.

La qualité méthodologique est apparue comme une autre préoccupation importante. Six des huit études incluses présentaient un risque élevé de biais, principalement en raison d'écarts par rapport aux interventions prévues, tandis que les deux autres soulevaient quelques inquiétudes dans ce domaine. Il en résulte une grande incertitude quant aux interventions spécifiques dont les participants ont bénéficié au cours de ces essais. Notre incapacité à déterminer si des interventions telles que l'éducation du patient ou le soutien psychosocial - des facteurs connus dans la gestion des vertiges - ont été administrées de manière différenciée dans les différents groupes est particulièrement préoccupante.

Malgré ces limites, l'étude identifie une tendance cohérente suggérant la supériorité de la thérapie manuelle pour les vertiges cervicogéniques par rapport à l'absence de traitement ou aux interventions fictives pour les vertiges cervicogéniques. Cependant, les preuves actuelles ne permettent pas d'établir l'ampleur de ce bénéfice (car les tailles d'effet n'ont pas été rapportées), d'identifier les patients qui y répondent le mieux ou de déterminer les paramètres de traitement optimaux. Bien que les avantages semblent constants dans les différents groupes d'âge, comme l'indique cette revue systématique, nous manquons de précision quant aux techniques les plus efficaces pour des présentations cliniques spécifiques.

Ces limites mettent en évidence les besoins cruciaux en matière de recherche future, notamment en ce qui concerne la présentation normalisée de l'ampleur de l'effet, le contrôle rigoureux des co-interventions et l'étude des facteurs propres au patient qui influencent les résultats. La section suivante examine les approches méthodologiques qui pourraient aider à surmonter ces limites, à la fois pour approfondir notre compréhension des effets de la thérapie manuelle et pour doter les kinésithérapeutes d'outils d'évaluation critique afin d'évaluer les concepts statistiques (par exemple, les tailles d'effet, l'hétérogénéité) dans les recherches futures.

Parle-moi comme un intello

Les limites méthodologiques identifiées dans notre discussion précédente mettent en évidence plusieurs possibilités où des approches statistiques plus solides auraient pu renforcer de manière significative les résultats de cette revue systématique. Bien que l'étude ait extrait des paramètres de base, notamment l'âge des patients, la répartition des groupes, les interventions thérapeutiques et les mesures des résultats (comme le montre le tableau 3), elle manquait cruellement de transparence méthodologique. En particulier, l'absence d'un protocole d'extraction des données suffisamment documenté (y compris les caractéristiques des patients autres que l'âge qui ont été collectées) ne permet pas de savoir quelles données sur la population ont été extraites par les chercheurs. En outre, la présentation des résultats s'est concentrée uniquement sur les valeurs p tout en omettant les mesures cruciales de l'ampleur de l'effet qui sont essentielles pour l'interprétation clinique.

L'hétérogénéité substantielle observée entre les études, qui découle de la diversité des populations et des approches d'intervention, a constitué une occasion importante d'approfondir l'analyse. Une quantification formelle de cette variabilité au moyen des statistiques I2 aurait fourni des informations précieuses sur la cohérence des effets du traitement. En outre, des analyses de sous-groupes planifiées examinant des facteurs tels que le type de technique ou les tranches d'âge auraient pu aider à identifier des modérateurs potentiels influençant les résultats. De telles approches auraient permis de clarifier si les bénéfices de la thérapie manuelle restent cohérents à travers différents scénarios cliniques ou s'ils sont spécifiques à des contextes.

Le plus important peut-être pour l'application clinique, c'est que l'examen n'a pas permis de quantifier les effets du traitement de manière significative. La présentation des différences moyennes standardisées (SMD) ou des valeurs du d de Cohen aurait permis aux kinésithérapeutes de mieux comprendre l'ampleur réelle des bénéfices attendus du traitement. Ces mesures de l'ampleur de l'effet sont particulièrement précieuses car elles aident les cliniciens à traduire les résultats de la recherche en attentes de traitement pour leurs patients. Bien que la revue ait réussi à identifier des résultats statistiquement significatifs grâce aux valeurs p, l'absence de ces mesures complémentaires limite notre capacité à évaluer l'importance clinique de la thérapie manuelle pour les vertiges cervicogéniques.

Messages à emporter chez soi

Les preuves actuelles suggèrent que la thérapie manuelle peut aider à réduire la douleur, les vertiges, améliorer la fonction (ROM) et le degré d'invalidité perçu dans les vertiges cervicogéniques, mais la force de cette conclusion est limitée. Bien que de multiples études montrent des bénéfices statistiquement significatifs de la Thérapie Manuelle pour les vertiges cervicogéniques, la grande variabilité des techniques de traitement et des populations de patients ne permet pas d'y voir clair :

• Quelles sont les techniques spécifiques les plus efficaces ?
• Quelle est l'ampleur réelle des effets du traitement ?
• Quels sont les patients les plus susceptibles de réagir ?

Jusqu'à ce que des études de meilleure qualité avec des méthodes et des rapports standardisés (en particulier les tailles d'effet) soient disponibles, les cliniciens devraient :

1. Considérer la thérapie manuelle comme une option potentielle pour les vertiges cervicogéniques.
2. L'associer à l'exercice et à l'éducation (les meilleures preuves actuelles soutiennent les soins multimodaux).
3. Suivre de près les réactions de chaque patient
4. Rester critique à l'égard des affirmations sur la supériorité d'une technique.

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Référence

Efficacité de la thérapie manuelle sur l'intensité des vertiges et l'amplitude des mouvements cervicaux chez des patients souffrant de vertiges cervicogéniques : Une revue systématique. Casado-Sánchez, Adrián et al. Journal of Bodywork and Mouvement Therapies, Volume 42, 1141 - 1147 https://doi.org /10.1016/j.jbmt.2025.03.021