Ellen Vandyck
Responsable de la recherche
De nombreuses femmes souffrent de diastasis recti abdominis (DRA) après l'accouchement. Il s'agit d'une séparation des muscles droit et gauche de l'abdomen le long de la ligne alba. La prévalence de l'ARD atteindrait 45 % à 6 mois et 30 % à 12 mois après l'accouchement. La présence de DRA est associée à une diminution de la force des muscles abdominaux et à des douleurs. On déconseille à beaucoup de ces femmes de faire des abdominaux après l'accouchement, mais on leur prescrit plutôt un entraînement des muscles du plancher pelvien et un renforcement du muscle transversal de l'abdomen. En 2020, le même auteur a constaté que le fait de lever la tête en position couchée sur le dos et de faire des abdominaux réduisait le nombre de diastasis abdominaux. Dans cet essai contrôlé randomisé, cette question a été étudiée de manière plus approfondie.
Dans cette étude, les participants ont été assignés de manière aléatoire à l'intervention qui consistait à renforcer les abdominaux, ou au groupe de contrôle qui n'a reçu aucune intervention et qui a été découragé de renforcer les abdominaux. Les participantes éligibles étaient des femmes ayant accouché et chez qui l'on avait diagnostiqué un DRA dans les 6 à 12 mois suivant l'accouchement. Le diagnostic de DRA était basé sur la distance inter-rectile, mesurée à 2 cm au-dessus ou au-dessous de l'ombilic. Le seuil a été fixé à 2,8 cm de séparation entre les deux côtés du grand droit de l'abdomen au repos ou à 2,5 cm lors d'une flexion abdominale.
L'intervention de renforcement abdominal de 12 semaines consistait en un programme d'exercice standardisé de 10 minutes par jour, 5 jours par semaine. Le programme ne comprenait que trois exercices : le lever de tête en décubitus dorsal, la flexion des abdominaux et la flexion des obliques. Les détails et les progressions sont présentés dans la figure ci-dessous.
Le principal critère d'évaluation était le changement de la distance inter-rectile à la fin du programme d'entraînement de 12 semaines. Cette dernière a été examinée par un physiothérapeute qualifié à l'aide d'une échographie transabdominale.
Au total, 70 femmes atteintes d'ARD ont été réparties de manière égale dans l'un des deux groupes. Ils étaient comparables au départ, à l'exception du mode d'accouchement et du nombre de minutes d'activité physique hebdomadaire. Les participants du groupe d'intervention ont effectué 74 % de toutes les séances d'exercice prescrites. Deux tiers d'entre eux ont suivi au moins 80 % des séances d'exercice prescrites.
Toutes les mesures de la distance inter-rectile ont diminué (amélioré) au cours de la période de 12 semaines dans les deux groupes, à l'exception d'une mesure dans le groupe de contrôle à 2 cm sous l'ombilic au repos. Il n'y avait cependant pas de différence significative entre le groupe d'intervention et le groupe de contrôle entre le début de l'étude et la semaine 12. Il est important de noter que le DRA ne s'est pas aggravé pendant toute la durée de l'intervention.
Cette étude n'a pas trouvé d'avantage à effectuer un renforcement abdominal dans le post-partum pour améliorer la distance inter-rectile en DRA. L'état des deux groupes s'est amélioré au cours des 12 semaines. Comme résultat secondaire, l'évaluation globale du changement a été évaluée et 61% et 43% des participants des groupes d'intervention et de contrôle respectivement ont rapporté une amélioration de l'ARD. Aucun n'a fait état d'une aggravation de son état. Le groupe d'intervention a amélioré l'épaisseur du grand droit de l'abdomen et la force plus que le groupe de contrôle. Toutefois, il a été noté que les intervalles de confiance couvraient des effets valables et insignifiants. L'endurance des muscles abdominaux était très faible dans les deux groupes et ne s'est pas améliorée tout au long de l'étude. Cela peut indiquer que la charge des exercices était trop faible, qu'ils n'étaient pas suffisamment pratiqués (adhésion), qu'ils n'étaient pas assez spécifiques pour augmenter l'endurance musculaire ou que le test de redressement ACSM était trop difficile pour ces femmes après l'accouchement. Cependant, les participantes étaient des femmes ayant accouché au cours des 6 derniers mois ou 1 an après l'accouchement. Il est frappant de constater que 76 % des participants ont été incapables d'effectuer une seule flexion abdominale dans le cadre de la procédure de test de l'ACSM. Bien sûr, cela pourrait refléter le conseil donné aux femmes d'éviter le renforcement abdominal après l'accouchement. Cette étude n'ayant pas montré d'effets néfastes, les femmes devraient être encouragées à pratiquer des exercices généraux et abdominaux après l'accouchement.
Il convient de garder à l'esprit l'histoire naturelle du diastasis abdominal. Comme le montre la prévalence de la DRA (45 % à 6 mois et 30 % à 12 mois après l'accouchement), les réductions observées dans les deux groupes peuvent refléter l'histoire naturelle. En outre, les personnes qui étaient dans les 6 mois suivant l'accouchement et celles qui avaient accouché il y a un an ont été incluses. Six mois de différence, c'est beaucoup et il n'est pas précisé comment les groupes ont été équilibrés au départ.
Un programme d'exercices de 10 minutes conçu pour renforcer l'abdomen après l'accouchement, pratiqué 5 jours par semaine pendant 12 semaines, n'a pas suffi à améliorer l'ARD chez les femmes ayant accouché au cours des 6 à 12 mois précédents. Les exercices n'ont cependant pas aggravé la DRA, ce qui est souvent craint. Le programme d'exercices n'a pas permis d'améliorer le DRA mais a montré une légère amélioration de la force abdominale et de l'épaisseur des muscles. Les femmes doivent donc être encouragées à faire des exercices abdominaux après l'accouchement.
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